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Jorge Luis Borges a montré une grande attirance envers certains sujets métaphysiques. Sa conception de la métaphysique a pourtant été singulièrement provocante : celle-ci n’est pour lui qu’une branche de la littérature fantastique. À partir de cette formule, qui semble invalider la métaphysique dans ses prétentions épistémiques, nous examinons certaines thèses métaphysiques de Spinoza et de Leibniz telles qu’elles ont été reprises dans l’œuvre littéraire de l’écrivain argentin. À savoir : le rejet d’une Divinité anthropomorphique, le sentiment religieux qui animerait l’Éthique de Spinoza, les choses en tant que « théophanies » pour l’homme, le sujet de la mêmeté et de l’altérité, la métaphysique des miroirs, l’expression universelle. Loin de prétendre faire de Borges le philosophe qu’il ne fut pas, notre traitement vise à montrer comment l’Argentin a insufflé la vie littéraire à ces idées par la puissance sidérante de son imagination.

Jorge Luis Borges was strongly attracted to certain metaphysical subjects. His conception of metaphysics was, however, singularly provocative: for him, it was only a branch of fantastic literature. From this assertion, which seems to invalidate metaphysics in its epistemic aspirations, we examine some metaphysical theses of Spinoza and Leibniz as they were taken up by the belles lettres of the Argentine writer. Namely: the rejection of an anthropomorphic Divinity, the religious feeling which would animate Spinoza’s Ethics, things as theophanies for the human being, the topic of sameness and otherness, the metaphysics of mirrors, the relationship of universal expression. Far from pretending to make Borges the philosopher that he was not, our treatment aims to show how the Argentinian breathed literary life into these ideas by the amazing power of his imagination.