Le temps long de l’esclavage en Europe : histoire d’un refoulement
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Jusqu’aux années 1990, l’étude historique de l’esclavage a été réservée à l’Antiquité. À la suite de Georges Duby, les historiens médiévistes ont concentré leurs recherches sur la façon dont le servage avait remplacé l’esclavage antique, aux alentours de l’an Mil. L’ambiguïté du vocabulaire ( servus ; ancilla), la façon dont la littérature médiévale considérait la plupart des travailleurs manuels comme « infâmes » et les excluait de la communauté, ont occulté leur perception de l’esclavage. Les recherches en cours sur les pays méditerranéens aux xve et xvie siècles montrent qu’au contraire le commerce des esclaves est resté vivant pendant tout le Moyen Âge. La traite négrière n’est donc pas née ex nihilo. Ces trous historiographiques ne sont-ils pas finalement dus à un long refoulement de cette domination absolue qu’est l’esclavage ?
Until the 1990s, the historical study of slavery was confined to Antiquity. Following Georges Duby, medieval historians focused their research on how serfdom had replaced ancient slavery around the year 1000. The ambiguity of the vocabulary ( servus ; ancilla), the way in which medieval literature considered most manual workers as “infamous” and excluded them from the community, obscured their perception of slavery. Ongoing research on Mediterranean countries in the 15th and 16th centuries shows that, on the contrary, the slave trade remained alive throughout the Middle Ages. The slave trade was not born ex nihilo. Aren’t these historiographical gaps finally due to a long repression of the absolute domination that is slavery?
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